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🎬 Eddington

Je ne savais rien du film avant d’entrer dans la salle, si ce n’est un dĂ©tail: l’expression “solidgoldmagikarp”. Un nom que j’avais vu apparaĂźtre comme meme dans divers Ă©changes en ligne de crypto-monnaies.

Ca n’avait aucun rapport avec le reste du film, mais ça m’a bien fait rire.

Le rayon covid-black-lives

Dans Le Rayon Noir, un album de la sĂ©rie Spirou et Fantasio, la quiĂ©tude du petit village de Champignac est perturbĂ©e par un rayon dont le pouvoir qui rend les gens
noirs de peau. La petite communautĂ© se retrouve alors confrontĂ©e Ă  des questions d’identitĂ© qui sont monnaie courante dans la monde urbain, mais qu’elle n’avait jamais eu Ă  affronter jusque-lĂ , jusqu’à tomber sur le laitier, noir aussi: “Mais j’ai toujours Ă©tĂ© noir, moi!”.

C’est pareil dans le petit contĂ© Eddington en 2020: mĂȘme si la pandĂ©mie et la violence policiĂšre touchent les grandes villes, il n’y a pas vraiment de quoi s’en inquiĂ©ter ici, et le plus grand problĂšme est l’implantation d’un data center de la sociĂ©tĂ© solidgoldmagikarp.

Toute cette paix vole vite en Ă©clats, les autochtones se retrouvant tous aux prises avec de la propagande, aussi bien orientĂ©e soit-elle, qui va vite faire dĂ©railler les plus simples prises de positions, et creuser des fossĂ©s de plus en plus compliquĂ©s Ă  relier. Ainsi, si l’opposition commence par un masque que certains vont refuser de porter, quelles que soient leurs raisons, on se retrouve vite Ă  ressortir les inimitĂ©s personnelles, Ă  essentialiser les autres Ă  un seul point de conflit, et les slogans faciles sont jetĂ©s par des ados en manque de repĂšres, sans que personne ne voie plus l’autre comme une personne mais comme un “rĂŽle” Ă  remplir pour correspondre Ă  ce que la lutte requiert.

Personne n’en sort totalement blanchi, tous les membres de ces saynĂštes sont autant victimes que bourreaux, et la part belle est faite Ă  la lumiĂšre bleutĂ©e d’écrans et de rĂ©seaux sociaux, oĂč les personnages prennent le temps de s’envoyer des piques, au lieu de communiquer


Encore
 Ça fait beaucoup là, non?

Au bout d’un moment, les problĂšmes globaux et macros entrent en collision et tout explose. Si la pratique d’attribuer Ă  des personnages publics (ici, un maire et un sheriff) des soucis “à la maison” afin de les rendre plus “rĂ©els” est louable, parfois, j’ai juste l’impression que c’est une excuse pour en foutre encore plus sur la gueule des personnages, et mĂȘme si l’irruption d’un charlatan qui fait l’évangile d’encore plus de conspirations et pratiques new age a du sens, j’ai presque l’impression que l’on en rajoutait afin d’avoir une macĂ©doine d’élĂ©ments scĂ©naristiques mais tous ne servent pas Ă  quelque chose


Malheureusement, il sert le film: il est une goutte de plus qui fait dĂ©border-le-vase-qui-brise-le-dos-du-chameau, et j’ai dĂ©jĂ  lu assez de tĂ©moignages pour savoir que ces choses sont malheureusement rĂ©elles.

Malheureusement, le film ne va pas s’arrĂȘter lĂ . Le pamphlet sur la maniĂšre dont des Ă©vĂ©nements (et les rĂ©seaux qui les diffusent) peuvent briser des communautĂ©s autrefois soudĂ©es Ă©tait trĂšs intĂ©ressant1, la maniĂšre dont tout explose a du sens, et l’on sait que l’on attendait ça depuis la premiĂšre scĂšne, et alors que le film prend une nouvelle direction


A new foe has appeared

À partir du moment oĂč le film se transforme rĂ©ellement en sa troisiĂšme forme2, plus rien n’a de sens, et j’ai perdu beaucoup trop de neurones Ă  chercher des explications ou des liens, allant jusqu’à me demander si tout cela Ă©tait encore rĂ©el dans la diĂ©gĂšse du film, ou si le protagoniste devenait fou, en faisant une sorte de Don Quichotte moderne, le montage n’aidant pas.

Le film termine de maniĂšre un peu alambiquĂ©e, n’hĂ©sitant pas Ă  laisser beaucoup de questions sans rĂ©ponses. J’ai fini sur ma faim, ainsi, je pense que vous survivrez si je vous laisse de la mĂȘme maniĂšre.


  1. Et toujours d’actualitĂ©! ↩︎

  2. A la maniĂšre d’un mĂ©chant dĂ©signĂ© par Toriyama! ↩︎

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