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🎬 Thunderbolts*

Je n’ai pas suivi grand-chose du Marvel Cinematic Universe depuis Avengers: Endgame. Tout ce que j’ai suivi Ă©tait ce qui pouvait Ă  peu prĂšs se mater “seul” (comme The Eternals, Ms Marvel, Moon Knight, ou Loki), j’ai terminĂ© les arcs en cours qui m’intĂ©ressaient (comme Guardians of the Galaxy vol. 3 ou Daredevil: Born Again), et j’ai testĂ© des trucs censĂ©s continuer la saga des Avengers mais qui ne se sont pas rĂ©vĂ©lĂ©s super intĂ©ressants (comme WandaVision, Secret Invasion, ou Falcon and the Winter Soldier).

Clairement, il faut donner un sens Ă  ce nouvel arc du MCU et c’est un peu le bordel, avec trop de sĂ©ries qui savent pas vraiment oĂč elles vont, des films qui n’ont plus rien Ă  raconter, et des Ă©quipes qui ont du mal Ă  se mettre en place, ou bien une mise en importance de personnages
qui ne sont juste pas ceux que je veux voir mis en avant.

Aussi, quand une amie m’a proposĂ© une sortie cinĂ©, j’étais moyennement chaud, mais vu que c’était le seul film que je puisse avoir envie voir Ă  l’affiche Ă  ce moment-lĂ , et que les reviews Ă©taient bonnes, pourquoi pas.

La Justice, telle l’éclair

Dans l’univers des comics, les Thunderbolts sont une Ă©quipe créée en 1997 pour combler le vide laissĂ© par la disparition (dans l’univers) de l’équipe des Avengers. Ils font leurs premiĂšres apparitions dans quelques comics mineurs avant d’avoir droit Ă  un titre Ă©ponyme, dont le tout premier numĂ©ro se termine sur la rĂ©vĂ©lation: ceux-ci sont en rĂ©alitĂ© des criminels qui ont eu maille avec les Avengers plus d’une fois au cours de leur histoire, et le plan est dĂ©sormais de se faire passer pour des hĂ©ros, s’ouvrir quelques portes du pouvoir, puis s’emparer du monde Ă  la premiĂšre occasion.

Dans un monde Ă©ditorial oĂč les morts ne durent pas, et tous les arcs de rĂ©demptions de ces derniĂšres annĂ©es se sont rĂ©vĂ©lĂ©s des Ă©checs, ce premier run d’une centaine de numĂ©ros est franchement agrĂ©able Ă  lire, et prend le soin d’éviter les Ă©cueils habituels de “Les mĂ©chants sont trop mĂ©chants pour s’entendre” ou “C’est trop facile de retomber dans le crime”, et au contraire, on prend plaisir Ă  suivre ces personnages, et leurs difficultĂ©s Ă  faire “ce qu’il faut”, mĂȘme dans l’adversitĂ©. Mieux encore, la sĂ©rie soulĂšve l’hypocrisie des gentils, qui se permettent de traiter certains assassins de “criminels”, tandis que d’autres ne seront que des “anti-hĂ©ros”.

Avec le temps, les Thunderbolts sont malheureusement trop vite devenus un bouquin Ă  base de “Plusieurs criminels font des missions, et on attend de voir qui trahira leur chef le premier”. C’était franchement chiant, et peu intĂ©ressant en terme de dĂ©veloppement de personnages. Puis le personnage de Bucky a pris la tĂȘte de l’équipe (pourquoi? aucune idĂ©e et aucun rapport), et en a fait une Ă©quipe d’espionnage.

Ce film reprend des Ă©lĂ©ments de ces trois idĂ©es: des hĂ©ros pas aussi “proprets” que les Avengers, on se demande (un peu) qui va trahir l’équipe en premier, et Bucky dirige tout ce petit monde.

La ligue des losers

En 20061, le scĂ©nariste de comics Robert Kirkman introduisait une Ă©quipe sans nom, composĂ©e de hĂ©ros mineurs (Ă  l’époque), dans un arc intitulĂ© “League of Losers”. Ces hĂ©ros se retrouvaient se retrouvaient forcĂ©s de s’unir pour sauver le monde d’une invasion temporelle, et se retrouvaient coincĂ©s dans une autre Ă©poque, satisfaits d’avoir sauvĂ©s le monde, tout en sachant que personne (si ce n’est le lecteur) ne connaisseur leurs exploits. De la mĂȘme maniĂšre, en 2008, les scĂ©naristes Dan Abnett et Andy Lanning mettront en commun la destinĂ©e de plusieurs personnages pour crĂ©er l’équipe des Guardians of the Galaxy. MĂȘme si, lĂ  encore, la sĂ©rie n’est pas voulue comme le fer de lance de l’univers Marvel, elle devient vite une rĂ©fĂ©rence, si bien qu’un film Ă  leur gloire est mis en chantier. Ce film s’avĂ©rera ĂȘtre mon prĂ©fĂ©rĂ©.

Je m’attendais Ă  ce que Thunderbolts suive une formule similaire Ă  celle du premier film Avengers, et forcĂ©ment, s’il s’agit toujours d’une Ă©quipe de hĂ©ros, qui se forme pour faire face Ă  une menace qui les dĂ©passe, comme dans Guardians
, j’ai enfin pu sentir Ă  nouveau que les personnages importaient plus que la seule intrigue: dĂ©couvrir les maniĂšres dont ils acceptent progressivement de s’écouter, puis de se faire confiance, ou mĂȘme de s’entraider, est vraiment agrĂ©able Ă  suivre, chaque Ă©tape marquant un pas de plus dans la construction de leur Ă©quipe, mais aussi d’eux-mĂȘmes.

Les personnages sont trĂšs durs avec eux-mĂȘmes, parfois un peu trop, mais cette introspection reste satisfaisante. Tous ont un problĂšme clair Ă  rĂ©gler avec une bonne visite chez un professionnel de santĂ©, et tous utilisent l’humour pour dĂ©tourner l’attention de leurs problĂšme, ce qui rend le film trĂšs piquant en terme d’humour, mais celui-ci n’est jamais employĂ© pour se moquer du propos du film, et si l’origine du nom de l’équipe porte Ă  rire, personne ne fera de clin d’oeil Ă  la camĂ©ra en demandant si “alors quoi? on apporte la justice Ă  la vitesse de l’éclair, comme des thunderbolts?”.

De fait, le film sait garder le sérieux nécessaire pour traiter de son sujet principal: la dépression.

Les nouveaux vengeurs

En 2004, pour remplacer l’équipe (encore dissoute, dĂ©cidĂ©ment!) des Avengers, les New Avengers sont formĂ©s. C’est Ă  peu prĂšs Ă  ce moment-lĂ  que j’ai commencĂ© Ă  lire des comics, et clairement, vingt-et-un ans plus tard, c’est mon Ă©quipe favorite: Captain America, Iron Man, Luke Cage, Spider-Man, Spider-Woman, Wolverine, Ms. Marvel,
et Sentry?

Sentry est un hĂ©ros trĂšs particulier, Ă  la genĂšse surprenante: une espĂšce de clone de Superman, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 2000, mais dont la promo prĂ©tendait qu’il avait Ă©tĂ© créé par Stan Lee lui-mĂȘme, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© publiĂ©, mais qu’il Ă©tait tombĂ© dans l’oubli le plus total. Bien sur, tout ce marketing n’était lĂ  que pour expliquer l’autre particularitĂ© de ce hĂ©ros: la partie la plus sombre de sa psychĂ©, le “void”, prenait vie et possĂ©dait une puissance Ă©quivalente Ă  la sienne, ce qui rendait le hĂ©ros aussi dangereux que bĂ©nĂ©fique, et le condamnait donc Ă  sombrer dans l’oubli total afin que ses pouvoirs ne soient plus rĂ©veillĂ©s


Je suis presque déçu que cette fausse origine n’ait pas Ă©tĂ© reprise par la promo2, avec de faux extraits replaçant Sentry dans de prĂ©cĂ©dents films de l’univers Marvel, comme s’il avait toujours Ă©tĂ© lĂ , et j’aurais trouvĂ© la dĂ©marche trĂšs crĂ©ative, mais je comprends aussi qu’avec l’abondance de sĂ©ries et films dĂ©rivĂ©s, tout le monde n’aurait pas forcĂ©ment compris, et des spectateurs auraient pu chercher sans succĂšs une apparition cachĂ©e dans de prĂ©cĂ©dents mĂ©dias. Le film a d’ailleurs le bon gout de ne PAS s’attarder sur les apparitions passĂ©es des personnages, et sait poser efficacement le rĂ©sumĂ© de ce que l’on doit savoir sur eux pour les voir Ă©voluer: mĂȘme en n’ayant connaissance de l’histoire complĂšte que d’une seule moitiĂ© du cast, la moitiĂ© manquante n’est jamais apparue comme une absence qui m’empĂȘcherait d’apprĂ©cier le film.

Le soldat de l’hiver

Dans l’univers Marvel, Bucky avait un destin tout tracĂ© lorsqu’il reprit le bouclier (et le rĂŽle) de Captain America, ce qui lui allait trĂšs bien. Malheureusement, ce rĂŽle lui fĂ»t retirĂ© (d’abord au profit de l’original, puis de Sam Wilson/Falcon), ce qui le mit dans une espĂšce de limbo artistique, aucun responsable Ă©ditorial ne s’accordant sur le rĂŽle du personnage au sein de l’univers Marvel, tentant tour Ă  tour d’en faire un ex-espion, un protecteur de la Terre, un espion, mais sans jamais vraiment lui trouver de rĂŽle convenable sur le long terme. Lorsque la sĂ©rie Falcon and the Winter Soldier a elle aussi dĂ©cidĂ© de laisser le rĂŽle de Captain America Ă  Sam Wilson, j’ai eu du mal avec cette dĂ©cision vu que Bucky Ă©tait le Cap’ que j’avais suivi en premier, et je me suis demandĂ© si vraiment il pourrait trouver sa place (narrativement parlant) dans cet univers, entre personnages mieux Ă©tablis et toujours actifs (comme Thor, Doctor Strange, Captain Marvel, ou Spider-Man), et ceux qui introduits plus rĂ©cemment (Ms. Marvel, She-Hulk, Hawkeye 2, Black Widow 2,
).

Le prĂ©cĂ©dent (chronologiquement) film le plaçait dans un rĂŽle de membre du congrĂšs amĂ©ricain3, et ça m’inquiĂ©tait un peu qu’il s’éloigne ainsi de l’action, mais au final, mĂȘme dans le cadre d’un camĂ©o, le voir Ă©voluer ainsi s’est rĂ©vĂ©lĂ© trĂšs bĂ©nĂ©fique, plaçant le personnage dans le rĂŽle d’un chef d’équipe, au-delĂ  de son rĂŽle d’homme d’action, le type de dĂ©cision Ă©ditoriale qui avait permis Ă  Luke Cage, un personnage plutĂŽt secondaire de l’univers Marvel, de devenir le de facto leader des New Avengers (et plus tard
le Maire de New York!).

Les Vengeurs des Grands Lacs

J’ai passĂ© un trĂšs bon moment devant le film. La partie “les hĂ©ros se bastonnent” qui prĂ©cĂšde leur alliance n’était pas longue outre-mesure, l’humour est prĂ©sent et les personnages sont rĂ©guliĂšrement attaquĂ©s sur leurs dĂ©fauts, mais surtout, le scĂ©nario arrive Ă  les placer dans l’ignorance quand Ă  certains dĂ©tails de l’intrigue sans que celle-ci ne se transforme jamais en une intrigue idiote. De mĂȘme, une fois l’équipe Ă©tablie, la communication fonctionne, les personnages s’écoutent, et les indices pour rĂ©soudre l’intrigue, que le spectateur a dĂ©jĂ  en tĂȘte, sont distribuĂ©s efficacement: j’ai Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©ablement surpris de qui a communiquĂ© l’indice nĂ©cessaire Ă  la rĂ©solution d’un problĂšme, tant son archĂ©type est usuellement celui du personnage qui ne communique pas ce genre de choses.

A la fin, comme dans Guardians, c’est l’unitĂ© qui sauve le monde. C’est un peu simple, mais j’aime. Et soudain, je rĂ©alise: le derniers tiers du film se dĂ©roule sur le mĂȘme bout de trottoir, clairement tournĂ© en studio, et au-delĂ  de ça, les dĂ©cors, mĂȘme s’ils sont jolis et bien filmĂ©s, n’ont pas le mĂȘme peps que les Ă©toiles de Guardians ou les multiples rues du premier film Avengers
 En fait, sans ce bout de trottoir en studio mal branlĂ©, je n’aurais sĂ»rement rien remarquĂ©, et j’aurais apprĂ©ciĂ© tout le reste du film, ses multiples dĂ©cors, ses scĂšnes d’action bien faites,
 Mais lĂ , je suis incapable d’ĂȘtre totalement enthousiaste: certains Ă©pisodes d’Agents of SHIELD auraient pu ĂȘtre mis bout Ă  bout pour produire un film qui donnerait l’impression de mieux employer son budget
 En espĂ©rant que les prochaines productions du MCU arriveront Ă  proposer du spectacle de meilleure envergure.


  1. Dans Marvel Team-Up (Vol.3) #16 pour ĂȘtre prĂ©cis. ↩︎

  2. MĂȘme si le film reste trĂšs fidĂšle sur le personnage, notamment qu’il ait acquis ses pouvoirs
car il Ă©tait juste un jeune qui cherchait Ă  se dĂ©foncer avec le premier produit chimique venu. ↩︎

  3. Ironique Ă©tant donnĂ© que d’aprĂšs l’acteur, son personnage Ă©tait l’assassin de Kennedy. ↩︎

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