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📚 RĂ©inventer l'amour

Nombre de femmes et d’hommes qui cherchent l’épanouissement amoureux ensemble se retrouvent trĂšs dĂ©munis face au troisiĂšme protagoniste qui s’invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les fĂ©ministes depuis des dĂ©cennies et qui revient aujourd’hui au premier plan de leurs prĂ©occupations, celle de l’amour hĂ©tĂ©rosexuel, ce livre propose une sĂ©rie d’éclairages.

Les bases du fĂ©minisme sont des concepts si â€œĂ©vidents” pour moi1 que le besoin d’en discuter ne se ressent pas, et en dehors de certaines personnes qui sont bien plus portĂ©es sur le sujet et ses questions que moi, je n’i pas de souvenir spĂ©cifique d’en discuter avec mes partenaires. Ce qui me place dans un status Ă©trange oĂč, ne me sentant pas assez lĂ©gitime pour me revendiquer fĂ©ministe, je suis surpris de voir des partenaires, dont l’engagement fĂ©ministe se rapproche du mien, me rappeler qu’elles le sont.

Ce qui est donc le cas avec la personne qui m’a offert ce livre, et a Ă©tĂ© une Ă©trange surprise.

Mens femina..

MĂȘme si je suis assez chronically online pour avoir dĂ©jĂ  eu une vision assez courante des arguments de ce livre, la lecture en a Ă©tĂ© trĂšs intĂ©ressante. L’autrice s’exprime de maniĂšre claire et, Ă  contrario des “militants 2.0” de Twitter, n’est pas lĂ  pour rĂ©gler ses comptes avec qui que ce soit, ou mĂȘme appeler Ă  la vindicte envers le lecteur mĂąle qui se serait aventurĂ© ici. Peut-ĂȘtre mon adhĂ©sion Ă  ces idĂ©es a-t-elle jouĂ© dans mon acception des propos, biaisant ma lecture, ou bien j’ai la maturitĂ© nĂ©cessaire pour lire ces choses?

Je pense que la maniĂšre dont l’autrice amĂšne son propos, en dĂ©crivant factuellement le fonctionnement du systĂšme et des dĂ©fauts qui lui sont associĂ©s, puis en l’illustrant avec des faits de sociĂ©tĂ©s tout aussi factuels, rend la chose plus prĂ©gnante, et lui Ă©vite de tomber dans le piĂšge du “Les mecs sont tous
” qui sera trĂšs vite rebutante pour les lecteurs masculins qui ont encore du mal avec ce genre d’affirmation.


in corpore femino

Bien sĂ»r, l’exercice a ses limites, et quelques passages conservent encore des gĂ©nĂ©ralisations sur la maniĂšre d’éduquer les hommes (et donc les comportements qu’ils dĂ©veloppent) qui ont failli me sortir du propos, tant je me sens moi-mĂȘme Ă  des milliers de kilomĂštres de cette expĂ©rience.

On notera aussi une forte obsession pour Histoire d’O2, qui reviendra tout le long du livre, jusqu’à le priver d’une conclusion efficace: la question initiale a Ă©tĂ© dĂ©crite avec soin, mais Ă  part Ă©veiller le lecteur masculin Ă  ĂȘtre plus consciencieux de l’attention qu’il prodiguera dans ses propres relations hĂ©tĂ©rosexuelles, la fin du livre me laisse malheureusement sur ma faim



  1. AprĂšs tout, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© par des femmes. ↩︎

  2. Histoire d’O est un roman sulfureux (pour son Ă©poque) dĂ©crivant la libĂ©ration sexuelle d’une femme. ↩︎

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