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🎬 Megalopolis

Au cours des siĂšcles il y eut ainsi des hommes qui s’élancĂšrent sur des voies nouvelles, guidĂ©s uniquement par leur vision intĂ©rieure.
— Ayn Rand, La Source vive (1943)

Sans aller jusqu’à encenser la folie de certains objectivistes, les dĂ©lires conspirationnistes dans lesquels s’engouffre un entrepreneur qui aurait dĂ» en rester Ă  la construction de voitures et de fusĂ©es, ou mĂȘme dĂ©sirer une sociĂ©tĂ© dĂ©nuĂ©e de la moindre once de socialisme pour aider ses citoyens les moins privilĂ©giĂ©s, j’apprĂ©cie la philosophie d’Ayn Rand, dans une certaine mesure.

Le passé

Étrangement, il semblerait que Coppola ait la mĂȘme lecture que moi du hĂ©ros Rand-ien: un artiste visionnaire, coincĂ© dans un monde statique qui prĂ©fĂšre le refuge de la stagnation, et se refuse aux Ă©volutions.

Dans ce film, comme dans The Fountainhead1 de Rand, un architecte de gĂ©nie est confrontĂ© Ă  une bureaucratie corrompue et une Ă©lite dĂ©cadente qui freinent ses efforts de construction de Megalopolis, un projet immobilier futuriste dans lequel il voit une Ă©volution de l’homme. Sa rencontre fortuite avec la fille de son adversaire le mettra sur la voie


Le présent

J’ai vu le film l’avant-dernier jour de sa diffusion au cinĂ©ma en bas de chez moi: son faible succĂšs et sa rĂ©putation de film polarisant n’ont pas aidĂ© Ă  prolonger sa survie en salles. Pour moi, sur le papier, tout Ă©tait parfait: un projet Ă  la gestation compliquĂ©e (plus de vingt ans!), un rĂ©alisateur de talent qui met toute sa fortune Ă  faire un film selon sa vision et sans craindre l’implication Ă©conomique d’un studio qui y ferait de l’ombre, un casting cinq Ă©toiles (Aubrey Plaza est Wow Platinum!), et des visuels de grand spectacle
 Le rĂ©sultat a Ă©tĂ© Ă  la hauteur de ce que j’attendais.

Bien sĂ»r, le film n’est clairement pas Le Parrain, et le film souffre clairement de ses vingt ans de gestation, certaines parties du scĂ©nario ne menant nul part, d’autres semblant se rĂ©soudre dans leur coin sans que nos protagonistes n’agissent dessus, et d’autres qui viennent de nul pat sans trop de raison. Le film souffre aussi d’un rythme Ă©trange qui enchaine des ambiances trĂšs diffĂšrentes, ce qui peut dĂ©contenancer le spectateur.

Mais au final, l’ensemble se tient, et peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ©. Et les quelques bouts de scĂšnes que j’ai pu voir sur Twitter tentant de dĂ©crire le film comme un dĂ©sordre d’acting se sont avĂ©rĂ©es ĂȘtre totalement correctes et collant Ă  l’image de leur personnage.

Le futur

Un tweet2 qui m’a fait rire disait que le film Ă©tait “les cutscenes de Sim City si le jeu avait Ă©tĂ© fait par Hideo Kojima”. MĂȘme si je n’y adhĂšre pas, ou alors pour une seule scĂšne, c’est une idĂ©e que je peux comprendre: ce film respire la vision artistique. En tant qu’artiste auto-proclamĂ©, c’est une vision qui a donnĂ© beaucoup plus de sens au film et m’a permis d’encore plus l’apprĂ©cier.

J’en retiendrais un dernier message: le temps appartient dĂ©jĂ  Ă  notre avenir.


  1. Le premier roman d’Ayn Rand, The Fountainhead, a pour titre La Source Vive en Français. ↩︎

  2. @MikeDrucker ↩︎

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