🎬 Looking for Magical Doremi: À la recherche des apprenties sorcières
Je n’ai jamais tari mon appréciation pour le genre du shôjo1 manga, et suivre des animés catégorisés “pour fille” n’a été que plus de pierres dans l’établissement de mon appréciation pour le genre du manga dans son ensemble. Parmi ceux-ci, Magical DoReMi2, diffusé en France au début des années 2000, m’a beaucoup marqué. A la manière d’un Sailor Moon en son temps (bien que moins adulte dans ses thèmes), la série a connu trois suites animées, puis a vite disparu de l’inconscient collectif après 2004. En 2019, un projet a été annoncé pour fêter les 20 ans de la franchise, mais celui-ci ne traiterait pas des personnages de la série originale mais de…personnages qui ont connu la série?
Médias pour femmes trentenaires
J’ai récemment lu (et adoré) le manga Tokyo Tarareba Musume3: mon féminisme est déjà bien ancré, et la condition des femmes au Japon est un problème auquel, par ma proximité affective avec le sujet, je me sens assez proche. Il en va de même dans ce film, dont on sentira qu’il s’adresse autant aux femmes qu’aux jeunes filles.
On se retrouve avec trois femmes, de 20 (Reika), 22 (Sora), et 27 (Mire) ans4, qui naviguent dans la vie et les problèmes liés à leurs âges (petits boulots, études, carrières,…), et se rencontrent autour de leur curiosité commune qui les mène toutes le même jour à visiter la maison qui a inspiré la boutique magique où l’aventure de Magical Doremi commence5. Les trois vont vite devenir amies, se lancer dans un tour du Japon pour voir les mêmes endroits que dans l’anime, et s’entraider dans leurs vies respectives.
Ce post n’est pas sponsorisé par l’office du tourisme Japonais
Ce tour du Japon sera une occasion de voir des spots touristiques assez classiques, mais aussi de faire face aux problèmes de ces femmes: Mire a le job de ses rêves mais doit souffrir une hiérarchie patriarcale et vieillissante, les parents de Sora la forcent à suivre des études qui ne l’intéressent pas, et Reika entretient financièrement son petit copain musicien. A travers les voyages, leur amitié se renforce, ainsi que leur confiance en elles, et chacune d’elle trouvera la motivation de poursuivre son rêve.
Par chance, ces rêves s’avèreront assez compatibles pour que nos héroïnes puissent mettre à profit leurs talents respectifs pour…une fin assez convenue, et peu surprenant.
“Je trouve qu’on ne parle pas assez des hommes”
De manière assez surprenante (en tous cas assez pour que j’en parle), et à l’opposée de Tokyo Tarareba Musume, les hommes sont ici aussi un sujet (Reika subit un petit copain foireux ET un père qui prétend ne pas la reconnaître, et Mire a des supérieurs qui bloquent l’avancement de sa carrière), mais pas une finalité: même si Sora et Mire ont des arcs amoureux qui donnent un peu de saveur à l’oeuvre, ceux-ci ne prennent pas plus d’espace que nécessaire. Celui de Sora sert uniquement à faire avancer sa confiance en elle, tandis que celui de Mire relève plus d’une confirmation de ses compétences.
De manière plus personnelle, en tant qu’homme, j’apprécie aussi qu’un homme se joigne à ce trio pour une partie du voyage, soulignant la portée de l’oeuvre au-delà de son public cible initial.
We bought un Café
Pour les curieux, vous pouvez y aller les yeux fermés. La VF, de très bonne facture, a eu le bon gout de reprendre tous les termes “remaniés” de la VF d’époque6 afin de retranscrire à la perfection la volonté de nostalgie de l’oeuvre. Et si vous n’avez jamais connu l’oeuvre originale, le film reste très accessibles, faisant même le choix (étrange dans ce genre d’oeuvre) de ne JAMAIS la montrer, ni même réutiliser d’images d’archives, et ne faisant que l’évoquer, même quand un personnage regarde un épisode.
Le terme Shôjo ne doit pas être écrit sans accent, sous peine de devenir un tout autre terme. ↩︎
De son nom original, Ojamajô Doremi, que l’on pourrait traduire “Doremi la magicienne maladroite”. ↩︎
Le manga Tokyo Tarareba Girls, paru en France, possède une traduction parfaite, ne serait-ce que pour le génie d’avoir traduit le jeu du mot du titre par “y-à-qu’à-faut-connes”. ↩︎
Leurs ages/personnalités sont très réminiscents de ceux des trois soeurs de Notre petite soeur. ↩︎
Pour les curieux: elle serait à Kamakura. ↩︎