📚 Le dévouement du suspect X
À chaque fois que je lis un livre policier particulièrement bien ficelé, je suis toujours épaté par l’intelligence, non pas du détective, mais de l’écrivain, qui a su proposer conjointement un problème, et sa solution, à travers le criminel et le détective.
La preuve et la solution
Et plus encore, j’apprécie le talent avec lequel un écrivain peut mettre en scène un nouveau type de meurtre. La Reine du genre, Agatha Christie, a su créer un meurtres sans coupable1, un meurtre où tout le monde est coupable2, et même un meurtre où le narrateur est le coupable3. A partir de là, il ne reste plus beaucoup de place pour innover, et la plupart des séries à mystères, comme Détective Conan4 ou HPI5, suivent les traces de Sherlock Holmes et mettent en avant l’intelligence supérieure de leurs protagonistes pour redoubler d’inventivité dans la mise en place des crimes: les méthodes sont nouvelles6, mais le lecteur sait qu’il est toujours dans ce même setup où il sait qu’un meurtre a eu lieu (ou pas, ou plusieurs, ou pas celui que l’on ne croyait), et qu’il y a un (ou plusieurs) coupables.
Ici, rien de tout cela. Et même si le lecteur assidu sera persuadé de toucher du doigt la solution de l’énigme durant les 300 pages du livre, elle ne fera que vous éluder jusqu’au dernier chapitre.
Problème P ≟ NP
Tous les mots comptent, et à chaque phrase, chaque indice, j’ai senti que j’y étais, sans jamais vraiment y être, car au final, bien sûr, le noeud de ce mystère repose sur une “tromperie” de l’auteur, qui aura pris le soin de ne pas évoquer à l’attention du lecteur un détail qui repose encore en évidence sous les yeux du détective qui résoudra l’enquête.
Quelque part, c’est presque dommage. Le “héros”, Manabu Yukawa, n’intervient qu’à la moitié du livre, et résout le mystère presque au premier coup d’oeil, sans que l’on ne suive trop son enquête à ce sujet. En ce sens, le livre porte bien son nom, et la narration centrée sur le meurtrier et sa mentalité est très forte.
Amateurs de policiers, je vous recommande avec ferveur les 300 pages de ce livre!
Dans le volume 11 de Détective Conan, un meurtre est maquillé en suicide en plaçant la victime sur un radeau, qui sera surélevé par une voie d’eau dans la pièce, jusqu’à être pendu, puis l’eau sera évacuée. Oui, c’est très tordu. ↩︎