đŹ Bread of Happiness
Ces cinq derniĂšres annĂ©es, depuis ma derniĂšre visite au Japon, jâai perdu la chance de me servir rĂ©guliĂšrement du Japonais, et mon incapacitĂ© Ă me poser devant un film sans rien faire dâautre mâa privĂ© de beaucoup de chefs-dâoeuvre du cinĂ©ma de lâarchipel, ne me laissant alors que des films et sĂ©ries que je pouvais Ă©couter en français ou en anglais, dâune oreille, pendant que mon attention Ă©tait attirĂ©e par une autre activitĂ©. Ayant rĂ©ussi Ă reprendre le lecture, et le calme que cet activitĂ© demandait, jâai dĂ©cidĂ© de me remettre au cinĂ©ma asiatique, et rĂ©inviter le Japonais dans ma vie.
Pain et bonheur
Le titre original de ce film, ăăăăăăźăăłă, est identique Ă lâinternational: le Pain du Bonheur. La narration nous prĂ©sente Rie1 et son livre favori, qui fera office de fil rouge au film: ăæăšăăŒăă. Etouffant dans la vie moderne et urbaine, Rie ne se sent plus Ă lâaise. Alors Nao, son mari, lui propose de partir. La scĂšne dâaprĂšs, nous les retrouvons Ă Hokkaido, au Lac Toya, oĂč ils ont ouvert un cafĂ©, leur cafĂ©: CafĂ© Mani. Entre hĂŽtel, restaurant, et cafĂ©, Nao cuisine le pain dans un four en pierre, tandis que Rie cuisine et fait le cafĂ©. Sous un beau temps fĂ©Ă©rique, et Ă la maniĂšre dâune purgatoire pour Ăąmes en peine, leur cafĂ© deviendra la salle dâopĂ©ration oĂč viendront se rĂ©parer les coeurs blessĂ©s par la vie.
Le film prend son temps, et Ă chaque scĂšne, digne dâune carte postale, le spectateur ne pourra que se demander ce quâil attend pour tout lĂącher et partir vivre Ă la campagne, dâamour, de pain, et de cafĂ©.
Café et chaleur
Un organigramme que jâavais vu sur Twitter dĂ©crivait le type de conflits mis en place par les histoires, selon leur courant littĂ©raire et Ă©poque: conflit envers autrui, envers le monde, envers la religion, envers lâauteur, envers le mĂ©dium,⊠Il nây a rien de tout cela ici. On pourrait presque croire quâil nây a pas dâhistoire, si ce nâest une fenĂȘtre de quelques jours dans la vie de personnes qui avaient besoin de chaleur dans leur vie.
Je ne suis pas fan du dĂ©coupage du film, en quatre saisons: Ă©tĂ©, automne, hiver, printemps. Chacune dure Ă peu prĂšs une demi-heure et prĂ©sente de nouveaux arrivants au cafĂ©, ce qui me donne plus lâimpression dâĂȘtre face Ă une mini-sĂ©rie en quatre Ă©pisodes que face Ă un film. Si les quatre situations ont chacune leurs questions et rĂ©ponses, dĂ©jĂ , lorsque la troisiĂšme est arrivĂ©e, jâai pensĂ© deviner de quoi traiterait la quatriĂšme, et je nâai pas Ă©tĂ© surpris.
Une lecture naĂŻve du film pourrait mener Ă dĂ©plorer que les personnages principaux apparaissent tellement en retrait de leur propre histoire, Ă ne vivre quâĂ travers les autres. Mais peut-ĂȘtre que le vrai bonheur de la vie, câest de penser Ă plus que soi, et que juste faire du pain et du cafĂ© pour rendre les autres heureux est une forme tout aussi forte de bonheur Ă propager dans sa vie.
Rie est interprĂ©tĂ©e par Tomoyo Harada, qui a fait son dĂ©but au cinĂ©ma dans lâadaptation de 1983 du film La traversĂ©e du Temps, dont elle interprĂ©tait le thĂšme musical. ↩︎