đź Xenoblade Chronicles
Quand Xenoblade Chronicles sâouvre, deux titans, Bionis et Mechonis, sâaffrontent, les pieds dans un ocĂ©an qui sâĂ©tend Ă perte de vue, seules existence de cet univers. Lorsque lâĂ©pĂ©e de Mechonis perce Bionis, ils sâimmobilisent et le combat pend fin. Quelques milliers dâannĂ©es plus tard, sur ces titans gigantesques, des ĂȘtres vivants se sont dĂ©veloppĂ©s: des ĂȘtres biologiques sur Bionis, et des mĂ©caniques sur Mechonis. Et les habitants de Mechonis poursuivent la bataille primaire en dĂ©cimant rĂ©guliĂšrement les ĂȘtres de chair et de sang de BionisâŠ
On va pas se mentir, peu importe le gigantisme que les jeux vidĂ©os ont cherchĂ© dâĂ©tablir, certains prenant mĂȘme place dans des univers entiers, câest bien la premiĂšre fois que lâon assiste Ă de telles proportions: chaque lieu visitĂ© par le joueur ne sera quâune partie dâun titan: le pied, le genou, lâĂ©paule, le systĂšme nerveux,âŠ
Des Xeno-keuwa?
Lâhistoire dit quâen 1998, un certain Tetsuya Takahashi, alors employĂ© de SquareSoft1 Ă©crivit une proposition de scĂ©nario pour Final Fantasy VII. Ce scĂ©nario fĂ»t refusĂ©, car âtrop sombre et compliquĂ©â, et devint donc son propre jeu: Xenogears. La proposition radicale de ce jeu, qui a marquĂ© tous ceux qui lâont fait, fĂ»t un succĂšs critique, mais pas commercial, et en plus du jeu dĂ©jĂ amputĂ© de plusieurs scĂšnes par manque de budget, les suites prĂ©vues Ă cette histoire furent abandonnĂ©esâŠ
Quelques annĂ©es plus tard, sous lâĂ©gide de son propre studio, Monolith Soft, Tetsuya Takahashi, accompagnĂ© de sa femme Soraya Saga au scĂ©nario, rĂ©alise Xenosaga Episode I, Ă la fois suite et remake de Xenogears, en planifiant six Ă©pisodes. Il nâen rĂ©alisera que deux, et sera Ă©vincĂ© du projet sur le troisiĂšme, qui mettra un terme Ă cette sĂ©rieâŠ
En 2010, pour mettre en avant la Wii, le studio Nintendo contacte Monolith Soft pour leur proposer de développer un jeu de rÎle exclusif pour leur console: ce sera Xenoblade Chronicles.
Wii la bagarre
Dans un jeu de rÎle classique à la japonaise, le joueur déplace son avatar sur un écran, et celui-ci rencontre des ennemis, pour des combats (généralement au tour par tour) qui se déroulent sur un nouvel écran, avec des systÚmes de contrÎle différents⊠Xenoblade Chronicles prend toute cette évolution et la fout à la poubelle.
La Wii Ă©tait une console Ă©trange, et une proposition radicale, avec une Wiimote qui tenait plus de la tĂ©lĂ©commande que de la manette. En plus de lâĂ©volution des temps et du genre, peut-ĂȘtre que cette nouvelle console a conditionnĂ© ce nouveau style de jeuâŠque jâai du mal Ă apprĂ©cier. Jâai souvent entendu dire que le systĂšme de combat Ă©tait celui des jeux en ligne, mais je nâen ai jamais fait et je ne saurais dire.
Les ennemis (en lâoccurence, la faune et la flore qui se sont dĂ©veloppĂ©s sur Bionis et Mechonis) se baladent librement dans le monde, et peuvent dĂ©cider dâalpaguer (ou dâĂȘtre attaquĂ©s) par le joueur, pour lancer un combat, toujours sur le mĂȘme environnement. Les personnages rentrent alors en âauto-attaqueâ, effectuant des dommages rĂ©guliers sur lâadversaire, et le joueur nâa plus quâĂ sĂ©lectionner les attaques spĂ©ciales de son personnage au bon moment pour les enclencher contre les ennemis.
Câest trĂšs dĂ©stabilisant au premier abord. Au bout dâun moment, tout joueur de jeu de rĂŽles Japonais sâest retrouvĂ© Ă passer certains combat en appuyant en boucle sur âAttaquerâ pour sâen dĂ©barrasser le plus vite possible. Câest impossible ici: il faut attendre que les auto-attaques sâeffectuent, sans aucun contrĂŽle sur le rythme. Et mĂȘme les attaques spĂ©ciales ne sont pas une mĂ©thode pour expĂ©dier rapidement un combat car elles ne prennent leur force quâen combo: certaines attaques peuvent âdĂ©stabiliserâ, Ă partir de quoi on peut faire âtrĂ©bucherâ lâadversaire, et une fois celui-ci au sol, les dommages sont doublĂ©s et on peut le massacrer sans pitiĂ©. Malheureusement, les fenĂȘtres de combo sont TRES courtes, et doivent forcĂ©ment sâeffectuer avec les deux autres personnages de lâĂ©quipe, que lâon ne contrĂŽle pas, et qui ne sont pas tous capable de âdĂ©stabiliserâ ou âtrĂ©bucherâ lâadversaire, obligeant donc des prĂ©parations trĂšs ennuyeuses, et mĂȘme parfois lâutilisation de certaines configurations dâĂ©quipes qui ne sont pas forcĂ©ment dĂ©sirĂ©es2⊠Ainsi, chacun des combats du jeu a Ă©tĂ© pour moi une corvĂ©eâŠ
Des types partout, du juice nul part
RĂ©cemment, jâai parlĂ© dâun jeu dont lâenvironnement mâavait fait rĂȘver, et dont tous les personnages secondaires mâavaient donnĂ© la sensation de participer Ă leur monde: leurs quĂȘtes demandaient toutes des choses diffĂ©rentes, et arrivaient Ă me donner envie de mâintĂ©resser Ă ces personnages, si bien que jâai apprĂ©ciĂ© les retrouver dâun Ă©pisode Ă lâautre.
Avec le grandiose visĂ© par Xenoblade, on pourrait croire quâil en est de mĂȘme, mais Ă©trangement⊠je nây suis pas arrivĂ© et tout mâa juste paru faux: mĂȘme si les personnages non-joueurs ont tous un planning journalier, que le jeu contient un organigramme complet des relations entre le joueur, les personnages,⊠je nâarrives pas Ă y croire. Non seulement les quĂȘtes secondaires ne ressemblent quâĂ des variations infinies de âVa chercher tel item ou tel monstreâ, mais mĂȘme la rĂ©alisation parait fade, fainĂ©ante, et peu engageante, offrant une dichotomie de moyen entre les sĂ©quences de lâhistoire principales, et celles des quĂȘtes secondaires, oĂč lâon verra juste les PNJs rester sur place pour lire leur dialogue dans une bulle de texte, sans le moindre souci de mise en scĂšne.
Quand au scĂ©nario, son abondance de retournements de situations, de traitres, et autres mystĂšres mythologiques non rĂ©solus pourra en rebuter certains. Plus encore lorsquâil ressort la thĂ©matique phare de la saga des jeux Xeno: le Zohar. Concept introduit dans Xenogears, le Zohar reprĂ©sente un plan dâexistence supĂ©rieur Ă celui du jeu. Si lâidĂ©e restait imprĂ©gnĂ©e de mystĂšre dans Xenogears, elle est ici rĂ©vĂ©lĂ©e etâŠcâest presque dommage, tant le mystĂšre de lâexistence de ces deux titans au milieu dâun ocĂ©an infini Ă©tait infiniment plus prenantâŠ
Bah pourquoi tây joues alors?
Au dĂ©but du jeu, le joueur dĂ©couvre la Colonie 9, une ville situĂ©e sur le pied de Bionis. La grandeur de la zone a de quoi impressionner, mais le vrai choc arrive quelques heures plus tard lorsque le genou de Bionis est atteint et explorĂ©. Et alors lĂ , le gigantisme apparaĂźt au joueur: des monstres gĂ©ants au loin sont visibles, certains agressifs et dâautres qui ne font que se balader, tandis que des grottes oĂč certaines races animales ont fait leurs nids pullulent tout autour de la zone. Si le scĂ©nario ne gardera pas le joueur dans la zone bien longtemps, son exploration complĂšte prendra bien plus de temps, et se retrouver bloquĂ© par des monstres de haut niveau sera un challenge supplĂ©mentaire pour le joueur qui cherchera dâautres maniĂšres dâexplorerâŠ
Xenoblade Chronicles nâest pas mauvais, et je crains malheureusement dâĂȘtre coincĂ© dans ce paradoxe dâun jeu dont je sais reconnaĂźtre les qualitĂ©s objectives, mais dont la proposition ne me convient pas totalement, mâempĂȘchant ainsi dâapprĂ©cier autant que je le pourrais (voudrais?) un chef-dâoeuvre du jeu vidĂ©oâŠ
Aujourdâhui connue sous le nom de Square-Enix, Square Ă©tait lâun des fleurons Japonais du dĂ©veloppement de jeux de rĂŽles, avec notamment la sĂ©rie des Final Fantasy. ↩︎
Depuis Chrono Trigger, je ne compose mes Ă©quipes de RPGs quâavec les personnages que jâapprĂ©cie, et non pas avec les plus puissants. ↩︎