🎮 Trails in the Sky FC Evolution
J’ai entendu parler pour la première fois de Trails in the Sky un peu après sa sortie Japonaise en 2004. Sur le forum francophone et japanophile où je traînais, certains membres plus japanophones que moi avaient trouvé un torrent de la version PC du jeu sortie au Japon et imitaient les louanges qui y étaient faites. Mais mon niveau ne suffisait pas à m’attaquer à ce monstre.
Mon second contact a eu lieu en 2013. Je venais de faire modder ma PlayStation Portable et commençait à télécharger tous les jeux sur lesquels je pouvais tomber, et ce jeu en faisait partie. Le portage PSP du jeu avait été traduit en Anglais. J’ai joué une dizaine de minutes avant de laisser tomber, repoussé par un style graphique qui m’avait l’air trop austère.
Mon troisième contact a eu lieu en 2018. Ma PlayStation Vita était moddée depuis longtemps, et enfin, la version Evolution, une adaptation exclusive au Japon et à la Vita, qui apportait des innovations graphiques, a été traduite en anglais.
Enfin, en 2023, j’ai décidé de me lancer dans ce jeu, et ses deux suites directes.
L’héritage
Si Trails in The Sky a été si bien reçu, c’est aussi qu’il a été longtemps attendu. Si en 2023, on parle de la “série des Trails” qui compte déjà dix jeux, en 2004, on parle toujours de la série The Legend of Heroes1, une sorte de série concurrente à celle des Final Fantasy, produite par Nihon Falcom sur les micro-ordinateurs japonais, tels le PC-88.
A l’époque, Nihon Falcom est déjà connu pour divers jeux de rôles ou d’action, comme Ys ou Xanadu, et après trois RPGs dans la série The Legend of Heroes étroitement liés et se déroulant dans le même univers2, le nouveau jeu est attendu au tournant. A cette époque, le milieu du jeu vidéo est encore en pleine transformation et la 3D n’est pas encore totalement maîtrisée. A la full-2D des anciens opus, nous nous trouvons cette fois avec des sprites en 2D, visible sous 8 directions, et les décors seront en 3D texturée. Toutefois, les mouvements restent en 2D. La 3D permet à présent des effets de caméra “complexes”, et même si les sprites 2D sont parfois étendues pour emplir tout l’écran, l’illusion reste là.
L’évolution
Le jeu a été majoritairement découvert sur PC et re-découvert sur PSP (dans l’ordre inverse pour le monde non-japanophone), mais la version Evolution m’apparaît déjà comme la plus plaisante à jouer, ne serait-ce car elle est doublée, et que les designs des personnages sont un peu plus proches “anime-ifiés”, et donc moins austères.
De plus, sa sortie étant ultérieure à la sortie d’autres jeux de la série (Quatre autres épisodes étant sortis entre-temps), cette version reprend certains éléments introduits par la suite (par exemple, certaines magies ont changé d’élément), met en avant des personnages qui prendront de l’importance par la suite (coucou Lechter). Le jeu bénéficie aussi d’une bande originale remixée, que j’ai pu apprécier, n’étant pas attaché outre-mesure à l’originale.
Le coeur
J’ai adoré ce jeu, et je n’en ai jamais connu aucun de pareille mesure.
A chaque instant, le jeu immerse dans un monde que je peux sentir vivre. L’histoire, est assez classique: deux ados (Estelle et Joshua), membre d’une guide (des bracers), font le tour du royaume (Liberl) en voyage d’apprentissage, périple au cours duquel ils rencontreront des alliés (Scherazard, Oliver, Kloe, Agate, Tita, et Zin) pour se battre contre la conspiration du jour, à savoir un général patriote qui tente de réveiller un vieux pouvoir pour rendre au pays sa grandeur militaire.
Cette histoire seule se déroulera bien vite. Le gros du jeu se trouve dans son contenu secondaire: nos jeunes bracers viendront en aide aux habitants de toutes les villes où ils s’arrêtent. Ces quêtes, qui sont toutes limitées dans le temps, et dont certaines sont mêmes cachées, sont toutes importantes. Certaines vont même conditionner l’obtention de quêtes dans le jeu suivant. Pire encore, tous les personnages que l’on voit se balader dans les villes sont nommés, certains se baladent et l’on peut les retrouver et suivre leur vie.
Le corps
La boucle de gameplay est très reposante. Le jeu se découpe en chapitres, un par ville, où l’on trouve de nouveaux compagnons de voyages temporaires avec qui on résout les quêtes et le problème local. Le final en apothéose se fera dans la capitale royale où tous les personnages se retrouveront pour affronter le boss final…et le vrai boss (nous sommes dans un RPG, certains clichés restent).
Le système de combat, quand à lui, est très permissif et fun à maîtriser. Certaines particularités, comme le délai lors de l’utilisation de magies, sont surprenantes, mais on s’y habitue vite en général, et même les combats de mobs (que l’on voit sur la carte, et que l’on peut éviter) deviennent plaisants à jouer.
Preuve ultime du plaisir qui émane du jeu, j’ai dû le finir deux fois pour avoir le trophée platine: une fois en normal, puis un New Game+ en difficulté “Nightmare”. En dehors de Chrono Trigger, qui est mon RPG de coeur, c’est l’une des rares fois que je refais un RPG. Plus encore, là où Chrono Trigger ne dure qu’une dizaine d’heures, Trails FC nécessite près d’une cinquantaine d’heures pour voir sa fin.
La suite
Etant donné l’existence d’un jeu nommé Trails in the Sky SC (pour “Second chapter”), la présence d’une fin en cliffhanger n’est pas vraiment un spoil en soi. Ce jeu se tient très bien tout seul, et bien qu’il pose les bases d’un univers énorme, tout en ne montrant qu’une partie de celui-ci, on en ressortira avec un sentiment de mystère qui saura éveiller la curiosité du joueur sans le frustrer comme le ferait un épisode de Lost.
Point bonus: le joueur qui a du mal à quitter cet univers et ses personnages pourra utiliser sa sauvegarde pour commencer une partie de Trails in the Sky SC avec certains bonus.
Ces trois jeux seront plus tard connus sous le nom de “trilogie Gagharv”. ↩︎