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📚 Metal Gear Solid: Une oeuvre culte de Hideo Kojima

Bien trop longtemps oubliĂ© dans mes diverses bibliothĂšques depuis que ma soeur me l’a offert pour NoĂ«l 2015, j’ai enfin pu m’attaquer Ă  la lecture de ce livre.

A l’époque, je n’avais encore fait que les deux premiers opus de la saga, je n’avais une PlayStation 3 que depuis un an1, et mĂȘme si j’avais bien achetĂ© une compilation des quatre premiers jeux quelques mois auparavant, mon ambition (refaire la saga Ă  partir du premier jeu, dans son niveau de difficultĂ© le plus Ă©levĂ©, car “je l’ai fait dix fois, je le connais par coeur!”) avait vite Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ©, et si ce n’est quelques heures de MGS 3 en 2015 lorsqu’un ami avait laissĂ© une tĂ©lĂ© immense chez moi, j’avais vite laissĂ© tomber.

(Closer to the) Metal

En 2023, lors d’une “frĂ©nĂ©sie vidĂ©oludique”, je me suis enfin lancĂ© dans le marathon. Alors que le second opus avait Ă©tĂ© platinĂ©2 quelques annĂ©es auparavant, dans la douleur, reprendre le troisiĂšme de zĂ©ro pour le platiner d’une traite fĂ»t un plaisir. Toutefois, si beaucoup de joueurs ont apprĂ©ciĂ© rĂ©pĂ©ter l’aventure dans cette jungle hostile, nouveau terrain de jeu des aventures de Snake, ce ne fĂ»t pas mon cas.

Le quatriĂšme Ă©pisode en revanche, m’a donnĂ© tout ce que j’attendais de la part de Hideo Kojima: personnages, thĂ©matiques, mise en scĂšne,
 MalgrĂ© que le jeu contienne NEUF HEURES de cinĂ©matiques, recommencer le jeu huit fois m’a procurĂ© un plaisir inlassable. Mieux encore, en connaĂźtre chaque recoin et retournement m’a permis d’encore mieux apprĂ©cier certaines sĂ©quences, m’amuser avec l’aspect “bac Ă  sables” de certaines zones,


PassĂ© un Ă©pisode non-numĂ©rotĂ© juste sympa, j’ai enfin attaquĂ© le gros du morceau: Metal Gear Solid V. LĂ  encore, j’en savais tout: j’avais lu les spoilers, j’avais suivi les problĂšmes de dĂ©veloppement, le livre que j’évitais de lire Ă©tait sorti quelques mois aprĂšs le jeu sans totalement deviner qu’il serait le dernier opus d’une saga qui avait Ă©tĂ© abattue en plein vol.

Pourtant, lorsque j’ai dĂ©marrĂ© Ground Zeroes, le prologue de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, la surprise m’a attrapĂ© en pleine face lorsque Kiefer Sutherland, le nouveau visage de Snake, est apparu Ă  l’écran, au terme d’un plan-sĂ©quence de cinq minutes sur une musique d’Enio Morricone, pour lĂącher cette phrase culte:

“Kept you waiting, huh?”
— Solid Snake, un peu tout le temps

A partir de lĂ , la dĂ©mo-prologue de Ground Zeroes est devenu un terrain de jeu que je n’ai encore lĂąchĂ© qu’au terme d’un platine arrachĂ© sans trop de difficultĂ©s, mais avec plaisir et inventivitĂ© Ă  toutes les maniĂšres d’apprĂ©hender les gardes de cette unique base qui renferme deux prisonniers d’exception. Les diverses missions “alternatives” du jeu, se dĂ©roulant toutes sur le mĂȘme terrain, ont renouvellĂ© le plaisir de s’approprier le lieu, et de dĂ©couvrir les nouvelles maniĂšres pour Snake de se mouvoir dans l’espace.

Enfin, The Phantom Pain a su me conquĂ©rir. Ayant plus qu’aimĂ© Death Stranding et son gameplay basĂ© sur la marche, ou bien la narration trĂšs “dans ta gueule”, voire nanardesque, de Kojima,
 J’y ai retrouvĂ© la gĂ©nĂšse de tous ces principes, et ce monde est devenu un terrain de jeu que j’ai adorĂ© faire et, refaire, jusqu’au platine tant convoitĂ©.

Gear (up)

La difficultĂ© d’écrire un livre sur les jeux vidĂ©os m’est vite apparue en lisant celui-ci. A aucun moment la lecture ne m’a ennuyĂ©e, alors que l’on parlait de jeux dont j’avais Ă©tĂ© le tĂ©moin indirect, de par mes annĂ©es Ă  lire les spoilers divers, autant que direct, de par mon accomplissement de tous les opus de la saga, mais j’ai vite rĂ©alisĂ© que j’étais face Ă  un livre qui devait autant m’intĂ©resser Ă  moi, gavĂ© de Metal Gear jusqu’à outrance, qu’un nĂ©ophyte, qui aurait Ă  peine entendu parler d’Hideo Kojima Ă  prĂ©sent que la franchise Metal Gear ne lui appartient plus.

Ce livre a aussi la “chance” trĂšs Ă©trange d’ĂȘtre sorti Ă  une pĂ©riode oĂč la franchise Metal Gear Solid Ă©tait simultanĂšment Ă  son firmament, et en passe de disparaĂźtre, ce qui lui Ă©vite le risque de devenir un objet incomplet voire obsolĂšte si la saga venait un jour Ă  compter un sixiĂšme Ă©pisode3. De fait le livre se contente de donner des hypothĂšses sur l’avenir de Hideo Kojima au sein de l’industrie du jeu vidĂ©o, qui s’avĂ©reront
trĂšs proches de la rĂ©alitĂ©4.

Solid(e?)

En soi, le livre se tient. Il se concentre sur le parcours d’Hideo Kojima, sur la naissance de la franchise et ses Ă©volutions, et dresse, pour chaque Ă©pisode, un rappel des attentes du public, et de ce qu’a fourni le crĂ©ateur pour surprendre les joueurs. Il prĂ©sente des anecdotes connues sur les saga, et sait quand s’en dĂ©tacher, Ă©vitant d’en faire un “je-sais-tout” mal canalisĂ© qui ne saurait trop oĂč il va.

Ma plus grosse interrogation revient Ă  la description de l’univers de la saga: plus de cent pages dĂ©crivent de maniĂšre chronologie l’histoire complĂšte de la saga, soit un tiers du livre. Si ce rĂ©sumĂ© m’a rappelĂ© de bons (et tristes) souvenirs, et a aussi remis des pendules Ă  l’heure, je ne suis pas totalement sĂ»r de la pertinence de ce rĂ©capitulatif intĂ©gral, si ce n’est le bonheur d’avoir pu repenser encore une fois Ă  un de mes moments vidĂ©oludiques prĂ©fĂ©rĂ©s.

“Je n’éparpillerai pas ton chagrin dans une mer indiffĂ©rente.”
— Venom Snake, dans la scĂšne la plus Ă©mouvante de la saga

Revengeance

En dehors d’un ouvrage technique trĂšs complet sur Wolfenstein 3D, et d’un recueil de tĂ©moignages de dĂ©veloppeurs Japonais d’époque, il ne me reste plus que deux livres traitant de jeux vidĂ©os que je n’ai pas encore lus. Le premier traite de Final Fantasy VIII et est sorti avant que son remaster ne voie le jour, tandis que le second date de 2019 et traite de la saga Monkey Island.

Fait marquant: j’ai commandĂ© ces deux livres le 28 Mars 2022. Quatre jours plus tard, le 1er Avril 2022, un tweet trompeur de Ron Gilbert indiquait qu’il travaillait sur un nouveau jeu, et la blague Ă©tait confirmĂ©e le 4 Avril de la mĂȘme annĂ©e. Ainsi, avant mĂȘme que je ne le reçoive, le livre que j’avais commandĂ© Ă©tait devenu obsolĂšte.

MĂȘme si j’ai beaucoup aimĂ© mes lectures de chez Third Editions, comme l’ouvrage sur la saga Dragon Quest par Daniel Andreyev, et le prĂ©sent livre sur la saga Metal Gear Solid, je rĂ©alise Ă  prĂ©sent que la littĂ©rature physique de “revue” sur le jeu vidĂ©o, et mĂȘme sur tout autre mĂ©dia vouĂ© Ă  Ă©voluer5 ne me convient pas: de la mĂȘme maniĂšre que je suis exacerbĂ© chaque annĂ©e Ă  NoĂ«l par les coffrets de DVDs se voulant “complets” mais ne contenant que ce qui est sorti Ă  ce jour, et qui se seront devenus obsolĂšte au NoĂ«l prochain par une nouvelle saison, ou un nouveau film du rĂ©alisateur visĂ©, ou un nouvel album,


Sans pour autant jeter la pierre aux livres qui font ce choix, je serais dorĂ©navant plus vigilant dans mes achats afin de ne plus acquĂ©rir d’ouvrages traitant d’oeuvres encore en cours, et me limiterais Ă  ceux qui ne se consacrent Ă  ce qui est terminĂ©.

Comme l’est la saga Metal Gear Solid.

“Last year, I thought I lost everything. But I didn’t lose anything. Thanks to all of you.”
— Hideo Kojima, lors de son apparition aux Game Awards 2016


  1. Console qui me fĂ»t offerte par le copain de ma soeur. Dix ans plus tard, la PS3 est toujours branchĂ©e Ă  ma tĂ©lĂ©, et le copain est toujours avec ma soeur, comme quoi. ↩︎

  2. Sur PlayStation, certaines actions d’un jeu peuvent octroyer au joueur des “trophĂ©es” de diffĂšrentes valeur (bronze, argent, et or). Obtenir tous les trophĂ©es d’un jeu octroie un trophĂ©e final, le “Platine”, qui indique plus ou moins que tout (selon la vision dĂ©sirĂ©e par les concepteurs du jeu) a Ă©tĂ© accomplie. ↩︎

  3. Un Metal Gear Survive est sorti en 2018, mais il ne s’agit que d’une mĂ©diocre tentative de l’éditeur qui dĂ©tient les droits de traire la vache Ă  lait. ↩︎

  4. Le livre pose ouvertement la question: “Qui pourrait embaucher le papa de Metal Gear et lui faire un chĂšque en blanc pour qu’il lance une nouvelle license?”, la rĂ©ponse tombera le 14 Juin 2016 lors d’une prĂ©sentation lors de l’E3: Sony. ↩︎

  5. Pouvez-vous imaginer que j’ai lu un livre sur Pink Floyd qui ne traitait Ă  aucun moment de l’album The Wall dans ses pages? C’est possible, oui, car ce livre est sorti en 1978, soit un an avant la sortie de l’album culte
 ↩︎

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