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🎬 Freakier Friday

HĂ©, c’est l’étĂ©, il fait chaud, et le cinĂ©ma est climatisĂ©.

Mùre et fille, mode d’emploi

Ce Freakier Friday, sorti chez nous sous le nom de Freaky Friday 2 fait suite Ă  l’original de 2003. La mĂšre Tess (la rock’n’roll Jamie Lee Curtis) et sa fille Anna (la pĂ©tillante Lindsay Lohan) Ă©changeaient de corps le temps d’une journĂ©e, la veille du re-mariage de la premiĂšre. Le film avait un style plutĂŽt fauchĂ©, la BO devant mĂȘme ĂȘtre faite intĂ©gralement Ă  base de reprises, mais la sauce prenait, et le film avait su gĂ©nĂ©rer un certain culte chez tous ceux qui l’avaient matĂ©.

Pour l’avoir revu juste aprĂšs ma sĂ©ance cinĂ©, l’original avait dĂ©finitivement un style trĂšs propre et bien ficelĂ©, prenant soin de mettre chacune des deux protagonistes dans les chaussures qui lui manquaient pour comprendre les ressentis de l’autre, et les inviter Ă  converser de maniĂšre Ă  pouvoir terminer le film en s’épaulant toutes les deux avec soin, pour un final plein d’amour.

Vendredi, tout est repris

La suite, donc, 20 ans plus tard. Jamie Lee Curtis a des cheveux grisonnants, Lindsay Lohan a fait un bĂ©bĂ© toute seule, et aujourd’hui, c’est elle qui galĂšre avec une fille adolescente du nom d’Harper, et sa psy de daronne s’immisce un peu trop dans leurs vies. DĂšs l’intro, le ton est donnĂ©: sa fille disparaĂźt pour aller faire du surf et elle aime s’embrouiller avec Lily, une fille de son lycĂ©e, dont le style la ferait presque passer pour une mĂ©chante de High School Musical. Et puis le film fait un bond en avant.

Un peu Ă  la maniĂšre du trĂšs culte Your Name, une fois cette situation posĂ©e et assimilĂ©e par le spectateur, la route de Anna croise celle d’Eric, le pĂšre de Lily, et le film devient un clip show de leur relation, jusqu’aux prĂ©paratifs de leur mariage, six mois plus tard, et bien sĂ»r, personne ne s’écoute. Il est donc tant que toutes ces femmes belliqueuses Ă©changent de corps!

Si l’original utilisait la magie pour expliquer le switch, ici on s’en fout, de toutes façons, le film part du principe que le spectateur est habituĂ© au genre d’une maniĂšre ou d’une autre, ou a vu le prĂ©cĂ©dent film. Cette fois, le switch se fait Ă  quatre: Harper devient sa mĂšre, Lily devient sa belle-grand-mĂšre (la pauvre!), et vice-versa. A nouveau, au cours du vendredi qui prĂ©cĂšde le mariage, tout ce petit monde va chercher Ă  sauver la situation (ou la faire empirer!), jusqu’à ce que tout le monde puisse enfin voir les choses “de l’autre cĂŽtĂ©â€, dissiper ses peurs, et revenir au status quo.

MĂȘme s’il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir vu le premier, le film n’hĂ©site pas Ă  y faire des rĂ©fĂ©rences trĂšs subtiles et jamais trop lourdes qui permettent au spectateur avisĂ© d’avoir une sorte de “bonus”. Gros point sur la bande originale, qui peut cette fois se permettre d’utiliser les mĂȘmes chansons que le premier film, mais cette fois-ci jouĂ©es par leurs artistes originaux.

Bienvenue sur Disney Channel

Le grand critique de cinĂ©ma Roger Ebert jugeait chaque film dans le contexte de son corpus et des attentes inhĂ©rentes Ă  son genre. En ce sens, comparĂ© Ă  des “blockbusters” ou autres “films d’auteurs” qui encombrent les salles, ce film est un rayon de simplicitĂ©: mĂȘme lorsque la situation semble perdue, catastrophique, au bout du rouleau,
 tout sera surmontable une fois que les personnages auront rĂ©ussi Ă  surpasser l’obstacle du jour.

Le film me perd un peu lorsqu’il dĂ©veloppe la belle-soeur qui a vraiment le “short end of the stick” dans son traitement, et dont le seul dĂ©veloppement consistera Ă  passer vite-fait outre du deuil de sa mĂšre, et de dire adieu Ă  ses rĂȘves d’école de stylisme, sans vraiment plus la considĂ©rer, son Ă©change de corps avec Jamie Lee Curtis Ă©tant mine de rien
peu adaptĂ© au scĂ©nario? Je ne saurais pas l’exprimer mieux: le film retombe sur ses pattes, mais alors vraiment, j’ai l’impression que ce personnage doit s’ennuyer dans son arc narratif trĂšs creux.

Au-delĂ  des situations comiques Ă  la pelle, qui joueront encore sur le dĂ©calage entre jeunes et vieux1, le film brille par son interprĂ©tation: clairement, tout le monde kiffe ĂȘtre revenu jouer et cette bonne humeur se rĂ©pand Ă  l’écran comme une traĂźnĂ©e de poudre, jusqu’au gĂ©nĂ©rique final, qui inclut un bĂȘtisier.

Clairement, comme pour l’original, ce film est loin d’ĂȘtre la “production de l’annĂ©e”, mais il reste un film trĂšs honnĂȘte, qui sait oĂč il veut aller, et y va sans chercher Ă  faire plus. Je ne pense pas qu’il vaille totalement le prix d’une place de cinĂ©ma, mais s’il passe Ă  la tĂ©lĂ©, son visionnage sera forcĂ©ment un moment de plaisir.


  1. Non, Coldplay n’est PAS un groupe de vieux. ↩︎

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