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🎼 Ys IX: Monstrum Nox

J’ai dĂ©jĂ  parlĂ© de Ys, l’autre sĂ©rie phare de Falcom. J’y mentionnais vite-fait un gameplay qui symbolisait le tiers de la sĂ©rie, “personnages en Ă©quipe”, que je n’apprĂ©ciais pas du tout.

En gros, dans les Ys “solo”, notre protagoniste trouve vite trois magies (dans Felghana, ou Origins), ou trois Ă©pĂ©es (dans Ark of Napishtim), qui alimentent un systĂšme de pierre-feuille-ciseaux qui force le joueur Ă  changer de type d’attaque selon l’ennemi. A partir de Ys SEVEN, un nouveau systĂšme a fait son apparition: il y a toujours trois types d’attaques, mais elles dĂ©pendent dĂ©sormais du personnage que l’on incarne, que l’on peut switcher d’un seul bouton. C’est un systĂšme que je trouve vraiment casse-gueule et peu intĂ©ressant, me forçant Ă  m’intĂ©resser Ă  des persos annexes au hĂ©ros, dont aucun, Ă  travers quatre jeux, ne m’a jamais intĂ©ressĂ©1.

Bien sĂ»r, n’étant pas un employĂ© de Falcom, je vous laisse deviner quelle direction a pris ce neuviĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie.

Le Conte de deux Adols

Cet opus est un peu celui de la surprise: on ne commence pas par un naufrage, ou par perdre l’arme du prĂ©cĂ©dent jeu (et le jeu s’en moque doucement). Adol et Dogi continuent leurs voyages en Eresia (l’équivalent local de l’Europe), arrivent face Ă  la “ville-prison”2 de Balduq, et font face aux soldats locaux qui jettent Adol dans les geĂŽles locales car aprĂšs trois naufrages, deux Ă©pĂ©es-artefacts ancestrales perdues, et la destruction de quelques temples antiques abritant des forces antiques avec lesquelles il ne fallait pas jouer, le gouvernement local se demande si “l’aventurier aux cheveux rouges” ne serait pas plutĂŽt “le chat noir d’Eresia”.

Dix minutes plus tard, il sera dĂ©jĂ  hors des murs de la prison, pris en embuscade et dotĂ© de nouveaux pouvoirs qui font de lui un Monstrum, un ĂȘtre
somme toute assez normal, malgrĂ© ce que pourrait laisser croire le nom, ses seules caractĂ©ristiques Ă©tant de porter des fringues cheloues3, et d’avoir des pouvoirs. Quant au Nox du titre, il fait rĂ©fĂ©rence aux Grimwald Nox, un plan de l’existence oĂč Adol et les cinq autres Monstrums doivent dĂ©truire des dĂ©mons pour qu’ils n’envahissent pas la rĂ©alitĂ©. Le principe est dĂ©jĂ  assez bancal, et les sĂ©quences de Grimwald Nox sont l’évolution (paresseuse) des sĂ©quences de raids dans Ys VIII oĂč il Ă©tait dĂ©jĂ  plus cohĂ©rent que Adol et les autres naufragĂ©s doivent protĂ©ger leur camp contre des attaques d’animaux sauvages.

Mais la plus grande surprise vient un peu aprĂšs, lorsque l’on retrouve Ă  nouveau Adol, sans pouvoirs de Monstrum, mais toujours coincĂ© dans la prison. Une prison assez chill, que l’on croirait pompĂ©e sur le Prince of Persia original, vu la facilitĂ© avec laquelle cet Adol pourra sortir de sa cellule pour explorer la prison et ses trĂ©fonds, mais aussi sa facilitĂ© Ă  mourir, les piĂšces contenant des piĂšges, dont celui qui m’a le plus marquĂ©/ennuyĂ© fĂ»t les trappes qui mettront fin Ă  l’aventure dĂšs que l’on pose le pied dessus


Ce second gameplay est vraiment peu intĂ©ressant, mais le jeu dĂ©cidera d’y revenir de temps Ă  autre, certaines quĂȘtes optionnelles commençant mĂȘme par l’Adol libre, pour ĂȘtre poursuivies par l’Adol de la prison, sans qu’aucun des deux ne soit au courant de la situation. Vers la fin, un donjon permet au joueur d’incarner l’un ou l’autre en parallĂšle, les actes de l’un permettant Ă  l’autre d’avancer et vice-versa. C’est une idĂ©e dĂ©jĂ  plus intĂ©ressante, mais qui arrive vraiment trop tard, et n’est utilisĂ©e que trois fois.

Des murs Ă  surmonter

J’ai traversĂ© le jeu sans trop rĂ©flĂ©chir, mais sans vraiment prendre trop de plaisir en fait. A la maniĂšre de la mĂ©taphore des efforts Ă  fournir pour creuser et trouver les diamants, j’ai plus eu la sensation de creuser pour trouver le gameplay que j’aimais, plutĂŽt que l’inverse.

DĂšs sa transformation en Monstrum, Adol gagne le pouvoir de la “griffe”, qui lui permet de s’accrocher Ă  une cible Ă  distance. Plus tard il pourra utiliser les pouvoirs de ses nouveaux comparses, qui sont: une capacitĂ© pour courir contre un mur, des ailes pour planer sur de longues distances, un oeil magique pour voir les secrets, un marteau pour dĂ©truire certains murs, et la capacitĂ© de plonger dans son ombre pour se mouvoir dans le sol.

Ces capacitĂ©s n’ont rien de mauvais, et elles seraient tout Ă  fait Ă  leur place dans un bon jeu Zelda4. Malheureusement, elles ne sont pas toutes Ă  leur place dans le jeu. Les capacitĂ©s de l’ombre et du marteau sont employĂ©es
trois fois chacune, quand elles ne sont pas forcĂ©es au chausse-pied sans raison pour avancer dans les donjons5. Le jeu s’est beaucoup vendu sur l’omniprĂ©sence de la ville de Balduq, et l’utilisation des pouvoirs pour s’y mouvoir, faisant d’Adol un ersatz de Spider-Man, mais limitant la prĂ©sence de donjons externes, les aventures d’Ys Ă©tant habituellement plus adaptĂ©es Ă  l’exploration d’une Ăźle entiĂšre, avec variations de biomes.

Ici, c’est vraiment foireux car le concept n’a l’air de n’ĂȘtre ni correctement exploitĂ© ni correctement dĂ©veloppĂ©. Si la “griffe” qui sert de grappin ne sert (comme d’habitude) que sur certains spots, dont il faudra s’approcher assez pour que le jeu accepte que l’on les vise, la capacitĂ© de courir sur les murs devient vite un ENFER Ă  utiliser.

Notez comment j’ai dĂ©crit cette capacitĂ© deux fois sans jamais Ă©crire “courir le long des murs”. La raison est que la capacitĂ© ne sert qu’à courir CONTRE le mur, de bas en haut, sans aucune altĂ©ration de direction, et que le moindre obstacle empĂȘchera la poursuite de la grimpĂ©e. Ca pourrait rester acceptable, mais une fois la manette en mains, cela devient une vraie gageure, Adol ne suivant pas toujours les indications du joueur et se retrouvant plus d’une fois Ă  grimper contre un pan de mur juste Ă  cĂŽtĂ© de celui visĂ©, mais ne lui permettant pas de rejoindre la destination prĂ©vue.

La raison en est simple: le mĂȘme bouton sert Ă  esquiver d’une roulade, courir au sol, et lancer une course contre les murs.

Une phrase, une seule, qui rĂ©sume Ă  elle seule tous les moments de rage que j’ai vĂ©cus contre le jeu. Vous ĂȘtes au pied d’un mur et vous voulez le grimper en ce point prĂ©cis? Appuyez sur le bouton, et avant mĂȘme de courir ou grimper, Adol fera une roulade qui le fera “glisser” contre le mur, le dĂ©calant de la trajectoire voulue, et bloquant votre course, vous entrainant donc dans une chute trĂšs ennuyeuse selon ce que vous vouliez escalader
 Il en ira de mĂȘme si vous ĂȘtes au bord d’un gouffre et que vous comptez entamer une course pour sauter par-dessus: la premiĂšre pression du bouton sera une roulade qui mangera sur la surface sur laquelle vous vouliez prendre de l’élan, et plus d’une fois, vous enverra dans le vide


L’Ys de la d’Ys-corde

Que reste-t-il donc à ce Ys IX? Le combat, le scénario,
?

Le combat reprend complĂštement celui de Ys VIII, je n’ai mĂȘme pas eu l’impression d’y ressentir la moindre diffĂ©rence. L’existence des capacitĂ©s de Monstrum peut APPAREMMENT servir Ă  agripper un ennemi Ă  distance, un exploit que j’ai rĂ©ussi deux fois avant de totalement laisser tomber.

Quant au scĂ©nario, au-delĂ  du dĂ©lire de la prison, auquel j’ai peu accrochĂ©, le lore y est surprenamment intĂ©ressant: il se base sur une “guerre de cent ans”, entre les royaumes de “Gllia”6 et “Britai”, au cours de laquelle le roi “Chard III” fĂ»t aidĂ© par Rosvita (okay lĂ  j’ai rien) qui bouta les “Britais” hors de “Gllia”, avant d’ĂȘtre trahie par le roi, et mise Ă  brĂ»ler sur le bĂ»cher. Vous ne l’avez toujours pas? “Rosvita” est accompagnĂ©e de “Zola Guesclin”, et si vous ne vous sentiez pas encore assez en France, il y a mĂȘme une arĂšne de style romain oĂč se dĂ©roulent des corridas!

C’est une direction assez Ă©trange pour la sĂ©rie Ys, qui est plutĂŽt centrĂ©e sur les pouvoirs (et les risques) de reliques de la civilisation proto-humaine de Ys: cette fois, tout le problĂšme vient des humains! Mais clairement, ce Ys veut essayer des choses nouvelles. Preuve en est l’avant-dernier chapitre, lorsque le grand mĂ©chant se rĂ©vĂšle, se transformant de son apparence “civile” Ă  son apparence rĂ©elle, mĂȘme si l’un des Monstrums remarquera “Oh mais tu es Trucmuche”, j’ai dĂ» faire une pause et rechercher en ligne car j’avais beau avoir fait toutes les quĂȘtes, je n’avais JAMAIS vu passer ce personnage, et en effet: ce personnage est totalement optionnel et l’on peut faire tout le jeu sans jamais le croiser7.

À plusieurs reprises, notamment lorsque je me cassais la gueule Ă  escalader des murs, ou Ă  traverser des gouffres, je me suis demandĂ© pourquoi je continuais Ă  jouer Ă  cette sĂ©rie si je n’y trouvais plus le plaisir que j’y avais trouvĂ© par le passĂ©. Je ne me force plus Ă  jouer Ă  la sĂ©rie Call of Duty, je n’ai jamais terminĂ© la sĂ©rie des Mega Man X passĂ© l’épisode 6, et je n’ai mĂȘme jamais jouĂ© plus d’une heure Ă  Mega Man Zero 4 ou ses suites. Vu mes plaintes, on pourrait penser que j’ai le mĂȘme dĂ©goĂ»t face Ă  la sĂ©rie Ys, mais pourtant, malgrĂ© ses dĂ©fauts, et mĂȘme si elle n’est pas Ă  ma totale prĂ©fĂ©rence, j’y prends toujours un plaisir Ă  explorer. Il n’est clairement plus si prononcĂ© ici, mais il reste assez prĂ©sent pour ĂȘtre toujours un fondement de la sĂ©rie. Ainsi, si l’on peut passer outre les problĂšmes de contrĂŽle, ce Ys IX sera un bon moment, et j’espĂšre que la suite (qui propose ENCORE un nouveau gameplay!) proposera toujours autant d’exploration!


  1. A part Dogi, l’ami de toujours d’Adol, que l’on peut incarner uniquement dans Ys SEVEN. ↩︎

  2. La ville est constamment dĂ©crite ainsi, mais Ă  part ĂȘtre surplombĂ©e d’un immense chateau qui sert dĂ©sormais de prison
le reste de la ville vit trĂšs bien sa vie!. ↩︎

  3. Vous serez donc ravis d’apprendre que comme Prince et Austin Powers, notre hĂ©ros Adol remet la cravate lavalliĂšre Ă  la mode!. ↩︎

  4. Techniquement, dans Ocarina of Time, vous avez dĂ©jĂ  le grappin, les bottes pour planer et le monocle pour voir les secrets. ↩︎

  5. Si l’utilisation de l’ombre est juste lĂ  pour passer un passage qui sera bas de plafond alors que l’on pourrait en faire un passage normal, je trouve ça inutile. Quant au marteau, il sert Ă  briser des cristaux qui pourraient ĂȘtre des interrupteurs classiques. ↩︎

  6. Dont l’emblĂšme est la fleur de lys. ↩︎

  7. TrĂšs franchement, s’il y a UN plot twist qui symbolise la sĂ©rie des Ys, c’est bien celui de “Ça alors, notre alliĂ© depuis le dĂ©but du jeu Ă©tait le grand mĂ©chant!”, ou des variations comme “la personne qui peut contrĂŽler le pouvoir ancestral du moment”, mais c’est vraiment ça Ă  foison! ↩︎

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