Post

🎬 Asterix: Le Domaine des Dieux

Je ne suis pas spĂ©cifiquement fan d’Alexandre Astier (ou plutĂŽt, je n’ai jamais succombĂ© Ă  la hype de Kaamelott), et j’ai donc longtemps laissĂ© de cĂŽtĂ© ce film
 Erreur rĂ©parĂ©e!

Tout est bon dans le sanglier

Cet album est l’un des premiers que j’aie lu enfant: il faisait partie du lot de BDs dans la bibliothĂšque de ma grand-mĂšre maternelle. Avec le temps, ma connaissance de l’univers du hĂ©ros Gaulois s’est vite Ă©largie.

Ainsi, quelle surprise pour moi de voir cet album adaptĂ© en film. Avant de le relire pour Ă©crire cet article, je ne lui trouvais rien de trop “spĂ©cial”. Jusque-lĂ , les adaptations avaient eu Ă  coeur de poser le personnage et son village (le premier film live), ou Ă  l’envoyer en voyage (
tous les autres films). Ça correspond aussi Ă  la dichotomie principale de la sĂ©rie: soit l’on traite du monde qui entoure nos hĂ©ros par un prisme humoristique, soit l’on met le village face Ă  une Ă©volution de la sociĂ©tĂ© (le capitalisme, la libĂ©ration fĂ©minine, le mysticisme, la discorde,
)1.

Ici, ce sera donc la gentrification: César fait construire un immeuble dans le voisinage du village2, et y envoie des citoyens romains, lesquels vont vite transformer la paisible vie des rustres gaulois.

Pas de politique dans mon Asterix

Si la bande dessinĂ©e se termine assez vite, lorsqu’Assurancetourix le barde fait fuir les rĂ©sidents par sa musique, le film continue et y ajoute une seconde partie (et un second immeuble!).

Cette fois, les Romains sont traitĂ©s comme des citadins que rien n’effraie et rĂ©sistent au bruit (et aux Ă©lĂ©ments dĂ©chainĂ©s par cette symphonie d’horreur). Si bien qu’un second immeuble est construit pour accueillir encore plus de Romains, mais aussi
la quasi-totalitĂ© du village gaulois qui va s’habituer peu Ă  peu Ă  ce mode de vie, donnant une dimension inĂ©dite au plan initial de CĂ©sar: les gaulois sont cette fois dĂ©faits par les sirĂšnes de la vie moderne3.

La critique de cette vie oisive est trĂšs plaisante, et l’on retrouve avec plaisir des versions antiques de plusieurs activitĂ©s modernes comme la salle de sport. La critique de ce mode de vie va encore plus loin lorsque l’on retrouve les esclaves qui ont bĂąti le domaine: aprĂšs avoir nĂ©gociĂ© affranchissement et logement, ils sont dĂ©sormais
des lĂ©gionnaires. Un Ă©lĂ©ment totalement nouveau mais qui colle totalement Ă  l’univers.

J’étais dubitatif, mais le film tient ses promesses et colle Ă  l’univers posĂ© par la bande dessinĂ©e. On y retrouve tout l’humour nĂ©cessaire Ă  la critique du monde moderne, transposĂ©e dans la simplicitĂ© et l’innocence du monde antique. Un film qui ne laisse prĂ©sager que du bon pour sa suite.


  1. Ce qui est aussi une dĂ©marcation que l’on peut trouver chez Les Schtroumpfs de Peyo. ↩︎

  2. Un village peuplĂ© d’irrĂ©ductibles gaulois qui rĂ©siste encore et toujours Ă  l’envahisseur. ↩︎

  3. Ce qui se rapproche de l’album La carriĂšre d’ObĂ©lix, qui lui utilisait le levier du capitalisme. ↩︎

This post is licensed under CC BY 4.0 by the author.