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📚 Naruto (Ă©dition Hokage)

Difficile de rĂ©aliser que Naruto date de 1999, je n’avais que onze ans Ă  l’époque et j’étais bien loin de commencer Ă  Ă©tudier le Japonais. Aujourd’hui, de la mĂȘme maniĂšre que Dragon Ball Z en son temps, l’oeuvre a su marquer une gĂ©nĂ©ration de lecteurs qui a grandi avec le ninja aux cheveux
blonds?

Devenir Hokage Ă  tout prix

Le manga Naruto commence comme tous les classiques du shĂŽnen1: le hĂ©ros est un enfant, un peu seul, pas forcĂ©ment le plus fort, mais dĂ©terminĂ©, qui veut atteindre son rĂȘve, et va passer par des Ă©preuves2. Ici, le jeune Naruto est un ninja, il a dĂ©cidĂ© de suivre son “nindî”3, et veut devenir le Hokage, le chef du village de Konoha. En chemin, il se fera des amis, rencontrera des maĂźtres, ralliera d’anciens ennemis Ă  sa cause, et apprendra plein de techniques de combat.

L’amitiĂ© et les relations sont le coeur de l’oeuvre, souvent sous le prisme de leur anti-thĂšse: la haine et la guerre. Le monde ninja est sorti d’une pĂ©riode de guerre, il vit dans une paix relative, et les blessures du passĂ© sont toujours lĂ . Il appartient donc Ă  Naruto, le pire Ă©lĂšve de l’acadĂ©mie des ninjas, de rassembler tout ce petit monde par son optimisme inĂ©branlable, en soixante-douze volumes.

Hero’s come back

Au premier tiers du manga, l’intrigue subit ce qu’on appelle communĂ©ment un timeskip: l’intrigue fait un bon de 2 ans et quelques dans le futur, pour que le hĂ©ros parte s’entraĂźner, et revienne prĂȘt Ă  affronter des enjeux plus importants. L’oeuvre n’est pas la premiĂšre Ă  utiliser le procĂ©dĂ©4, mais elle a su marquer sa gĂ©nĂ©ration, bien plus que d’autres oeuvres contemporaines5.

Lorsqu’aprĂšs d’innombrables Ă©pisodes “filler”6, l’animĂ© est enfin relancĂ© sous le nouveau nom de “ShippĂ»denç–ŸéąšäŒâ€, soit “la lĂ©gende du vent rapide”, et l’intrigue commence sur les chapeaux de roue, pour ne plus s’arrĂȘter. Ainsi, le 15 FĂ©vrier 2007, deux ans et un jour aprĂšs le premier chapitre post-timeskip du manga, Naruto revient enfin au village de Konoha, dans un fracas pop-culturel assez incroyable. Si aujourd’hui c’est One Piece qui fait la pluie et le beau temps de l’actualitĂ© hebdomadaire des fans de mangas, fĂ»t une Ă©poque, ce seul premier Ă©pisode a eu un impact similaire Ă  celui du revival des X-Men par Jim Lee en 19917.

Le nindĂŽ de la longueur

A ce moment-lĂ , je lisais, je suivais, mais trĂšs vite ça s’est essoufflĂ© pour moi et j’ai vite dĂ©crochĂ© (au moment du pont je crois). Le manga a encore connu un coup d’éclat avec l’arc de Pain, qui a rĂ©ussi Ă  faire venir beaucoup de lecteurs, m’incluant moi. ConfrontĂ© au plus dangereux des ennemis, le village de Konoha Ă©tait rĂ©duit Ă  l’état de ruines, certains personnages phares passaient l’arme Ă  gauche de maniĂšre non Ă©quivoque, pendant que Naruto s’entraĂźnait sous une cascade. Entre l’enjeu d’une telle attaque, les divers sacrifices pour ralentir l’ennemi le temps que Naruto puisse venir sauver le village (Oh Hinata <3), on assiste au retour de Naruto, dotĂ© de son power-up le plus consĂ©quent, qui Ă©radique la menace presque en one-shot. A la fin de cet arc, Naruto, l’enfant rejetĂ© du village, est Ă  prĂ©sent acceptĂ© par celui-ci comme leur hĂ©ros, un moment si fort que le manga aurait pu se finir ici de maniĂšre trĂšs satisfaisante.

Malheureusement, suite Ă  une telle montĂ©e en puissance, le manga a eu du mal Ă  garder son souffle, l’arc suivant Ă©tant trĂšs peu intĂ©ressant, et les arcs finaux s’enchaĂźnant soit sur des rĂ©pĂ©titions peu intĂ©ressantes, soit sur des intrigues sorties de nulle part. Je viens Ă  l’instant de la lire, et toute la moitiĂ© du tome consacrĂ©e Ă  Kaguya m’a juste ennuyĂ© tant elle semblait avoir Ă©tĂ© sortie du cul d’un Ă©diteur dĂ©sireux de faire durer la poule aux oeufs d’or un peu plus longtemps afin d’assurer de bonnes ventes au magazine, et puis il fallait bien arriver pile-poil Ă  700 chapitres. On ne se moque pas, l’anime en fera de mĂȘme pour arriver Ă  pile-poil 500 Ă©pisodes.

Enfin Hokage!

La sĂ©rie s’est terminĂ©e en Novembre 2014 dans le ShĂŽnen Jump, et en Novembre 2016 pour la parution française par Kana. Si la sĂ©rie a eu droit Ă  une Ă©dition “Collector” format gĂ©ant en 8 volumes, ne traitant que de la partie prĂ©-timeskip du manga (et au papier dĂ©gueulasse), c’était assez dommage qu’elle n’ait jamais eu droit Ă  une VRAIE Ă©dition de luxe, mĂȘme pas dans son Japon natal. C’est Kana qui prend donc les choses en mains, avec une Ă©dition faite maison: grand format, tomes doubles, pages en couleurs8, bonus de fin de tome, frise sur le dos du livre,
 Si j’avais suivi la sĂ©rie entre tomes lus chez des potes, scans traduits en ligne, ou lecture filoute Ă  la FNAC, cette Ă©dition Ă©tait si belle et qualitative, qu’elle m’a donnĂ© envie de me (re)-plonger pleinement dans l’oeuvre et relire l’aventure du petit ninja qui devient Hokage.

Si aujourd’hui, sur les rĂ©seaux sociaux, on pourrait penser que les mangas ne vivent que par la hype qu’ils gĂ©nĂšrent9, alors oui, le manga Naruto peut sembler relever d’une simplicitĂ© dĂ©concertante. Et pourtant il reste une oeuvre culte, une pierre de plus du panthĂ©on du genre shĂŽnen, et mĂȘme en 2025, sa lecture reste un plaisir continu, Ă  recommander Ă  tous.


  1. A l’image de ses confrĂšres prĂ©-publiĂ©s dans le ShĂŽnen Jump. ↩︎

  2. Qui incluront forcĂ©ment un tournoi. ↩︎

  3. LittĂ©ralement, la “voie du ninja”. ↩︎

  4. Comme pour tout, Dragon Ball Z l’a fait avant! ↩︎

  5. DĂ©solĂ© aux fans de One Piece, mais clairement, son timeskip n’a pas eu autant d’impact, et a mis du temps Ă  redĂ©marrer. ↩︎

  6. Les Ă©pisodes “filler”, de l’anglais “remplissage”, indiquent des Ă©pisodes qui ne traitent pas de l’intrigue canonique du manga, et sont trĂšs souvent de qualitĂ© infĂ©rieure
 Leur utilitĂ© est de permettre au manga d’avancer l’intrigue lorsque l’animĂ© a rattrapĂ© celle-ci. ↩︎

  7. Aujourd’hui, ce numĂ©ro est le comic book le plus vendu de tous les temps, certifiĂ© par le Guinness World Records. ↩︎

  8. Si les mangas sont usuellement dessinĂ©s en noir et blanc, lors de la prĂ©-publication dans le magazine ShĂŽnen Jump, un artiste peut ĂȘtre autorisĂ© Ă  (ou on lui demande de) produire des pages en couleurs. Celles-ci sont gĂ©nĂ©ralement absentes de la version reliĂ©e “classique”, et ne sont restaurĂ©es que lors d’une Ă©ventuelle Ă©dition plus haut de gamme. ↩︎

  9. On peut dire que Jujutsu Kaisen en est un exemple rĂ©cent, mais vous pouvez souvent retrouver One Piece en trends Twitter le vendredi quand le dernier chapitre sort. ↩︎

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