đŹ Godzilla (2014)
MĂȘme si je ne me suis jamais montrĂ© spĂ©cialement friand du genre du Kaiju1, jâen ai en rĂ©alitĂ© toujours Ă©tĂ© un bon client, Ă commencer par le film 1998 de Roland Emmerich (et du dessin animĂ© qui en avait fait suite), puis lâinterprĂ©tation du personnage par Hideaki Anno2, mais ma curiositĂ© sâarrĂȘtait Ă ce que le hasard avait mis sur ma route, ou au dĂ©sir spĂ©cifique de lire la vision dâun autre.
Et puis le Monsterverse est arrivĂ© au cinĂ©ma et Ă la tĂ©lĂ©vision, et au bout dâun moment, je me suis dĂ©cidĂ© Ă mây mettre.
Le Godzilla de la famille
On le sait depuis Jaws, au cinĂ©ma, la puissance dâun monstre tient Ă sa capacitĂ© Ă se faire dĂ©sirer par le spectateur: tout repose sur la tension et lâanticipation que le film parviendra Ă Ă©voquer. Ce film nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle, si bien quâun spectateur peu regardant qui arriverait durant sa premiĂšre moitiĂ© pourrait sâimaginer ĂȘtre face au mauvais film. Sâappuyant sur la catastrophe de 20113, un pan entier du film fait penser au drame dâune famille dĂ©chirĂ©e par la catastrophe et qui tentera de se retrouver.
Le Iron Man du Monsterverse
Lorsquâenfin le monstre arrive, la premiĂšre surprise est que malgrĂ© le titre, il nâest pas Godzilla. Si avec le temps le reptile a pris lâhabitude des affrontements contre ses pairs, lâĂ©tablissement dâun nouvel univers (chez Emmerich ou chez Anno) lâa toujours laissĂ© comme seul maĂźtre Ă bord. Ici, le film a pour double-casquette de donner au titan un rĂŽle propre et autonome Ă cette histoire, tout en lâĂ©tablissant dans une mythologie plus complexe qui servira aux suites.
Le contrat est rempli, et preuve en est, il faudra cinq ans avant quâune suite ne soit Ă©tablie, sans quâĂ un aucun moment le film laisse ressentir âil mâen faut plusâ.
Un vrai film de Marines
Un truc est sĂ»r: Gareth Edwards sait mettre en scĂšne. Une fois que lâaction se met en branle, les gĂ©ants sâaffrontent, et les humains se retrouvent dans leur pattes Ă faire une tĂąche parallĂšle, mais dĂ©crite comme tout aussi importante. Si Transformers 3 avait sa scĂšne de wingsuit Ă Chicago, on a ici une scĂšne de HALO Jump4 magnifique, oĂč les minuscules trainĂ©es rouges des fumigĂšnes des parachutistes se dessinent face au gigantisme des conditions mĂ©tĂ©orologiques qui sâabattent sur les humains.
La comparaison Ă la saga Transformers ne sâarrĂȘte pas lĂ : Ă mi-chemin entre le sponsoring de lâUS Army et la facilitĂ© scĂ©naristique (comment expliquer que le protagoniste puisse prendre part Ă autant dâopĂ©rations militaires?), on retrouve la mĂȘme mise en avant de lâappareil militaire amĂ©ricain, tout entier mis Ă disposition de la protection des civils face au danger.
Et puis?
Quand le film se termine, tout est rĂ©glĂ©. Le film ne se perd pas en complications et explications du pourquoi du comment de lâĂ©volution du conflit familial qui rythmait la premiĂšre moitiĂ© du film, ni mĂȘme de la rĂ©action du monde: nous sommes partis dâun couple dâĂȘtres humains (Juliette Binoche et Bryan Cranston!), et le film se termine aussi sur un couple (Elizabeth Olsen et Aaron Taylor-Johnson, qui se retrouveront un an plus tard Ă jouer un frĂšre et une soeur dans Avengers: Age of Ultron).
Au fond, le principe nâĂ©tait pas tant la crĂ©ature, que la maniĂšre dont les humains traversent les crises.
Le Kaiju dĂ©signe le genre cinĂ©matographique du monstre gĂ©ant, inaugurĂ© par King Kong et Le Monstre des Temps Perdus, mais rĂ©cupĂ©rĂ© par les Japonais avec la crĂ©ation de Godzilla. ↩︎
En 2016, Hideaki Anno, gĂ©nie crĂ©ateur de Neon Genesis Evangelion, fĂ»t engagĂ© par la Toho pour rĂ©aliser le film Shin Godzilla. ↩︎
En 2011, un important sĂ©isme au large des cĂŽtes nippones causa lâ Accident nuclĂ©aire de Fukushima. ↩︎
Aussi connue sous le nom de chute opĂ©rationnelle, le HALO Jump (High Altitude Low Opening, ou âhaute altitude ouverture basseâ) est un type de saut en parachute qui combine le saut depuis une zone de haute altitude dĂ©pourvue dâoxygĂšne, une ouverture de parachute la plus tardive possible. ↩︎