đ Lâoeil du chien enragĂ©
Lorsque ce livre sâouvre, le lecteur est plongĂ© dans lâaction: comme dans le prĂ©cĂ©dent livre de cette sĂ©rie, un dialogue sâopĂšre (rien de grave, juste un chef de gang qui apprend qui est le traitre dont il va devoir se dĂ©barrasser) dont lâon ne comprendra les aboutissants quâĂ la fin de notre lecture.
Vis ma vie de flic Ă la campagne
Lâambiance du prĂ©cĂ©dent livre Ă©tait celui dâune ville en proie Ă la guerre des gangs, câest ici lâinverse. En punition de ses frasques passĂ©es, le lieutenant Hioka a Ă©tĂ© envoyĂ© prendre lâair dans un koban1 de campagne. Toujours en Ă©tĂ©, la violence fait dĂ©faut Ă lâhistoire, mais les machinations ne manquent pas lorsque le criminel le plus recherchĂ© du pays sâinstalle dans le coin.
Le rapport de force nâest plus le mĂȘme, et le personnage de Hioka bĂ©nĂ©ficie cette fois de lâexpĂ©rience accumulĂ©e en cĂŽtoyant le Commandant Ogami, sans pour autant se dĂ©partir de sa candeur. On apprĂ©ciera donc de le voir affronter cette situation ambiguĂ« en acceptant certaines entorses mais sans se dĂ©partir de son dĂ©sir moral sincĂšre, tout en Ă©tant confrontĂ© au quotidien dâun officier de police de campagne et dont le seul contact avec la criminalitĂ© âse limite Ă quelques ivrognes Ă la sortie des barsâ.
La mode du timeskip
Dans Dragon Ball, dans Naruto, dans One Piece,⊠Beaucoup de mangas ont pratiquĂ© lâart du âtimeskipâ, un procĂ©dĂ© narratif qui consiste Ă avancer lâintrigue de quelques annĂ©es pour nous prĂ©senter un hĂ©ros ânouveauâ: plus puissant, contexte diffĂ©rent,âŠ
Câest (malheureusement) le cas de ce livre aussi, qui, sans crier gare, opĂšre un bond de trois ans entre deux chapitres et introduit un nouvel Hioka qui ne ressemble plus du tout Ă celui que le lecteur a suivi, sans mĂȘme lui donner de contexte pour comprendre cette Ă©volution, si ce nâest que âtrois annĂ©es ont passĂ©â, et le Hioka que lâon apprĂ©ciait suivre semble bien disparu.
Mais surtout dans ce dernier quart de lâintrigue, en plus de voir Hioka devenir un flic hard-boiled2, ce qui semble dĂ©jĂ une anti-thĂšse Ă sa personnalitĂ©, le dĂ©couvrir accepter dâĂȘtre de mĂšche avec les gangs yakuzas.
Une tournure infondĂ©e et trĂšs dĂ©sagrĂ©able, pour un personnage dont jâavais vraiment aimĂ© suivre les aventures.
Au Japon, le koban est une sorte de mini-commissariat, nâemployant quâun seul agent de police, qui gĂšre la sĂ©curitĂ© de sa zone attitrĂ©e, Ă la maniĂšre de la police de proximitĂ© en France. ↩︎
LittĂ©ralement âdur Ă cuireâ, le genre du hard-boiled fait rĂ©fĂ©rence Ă des dĂ©tectives qui nâhĂ©sitent pas Ă faire usage de violence pour rĂ©soudre les enquĂȘtes. ↩︎